Il y a quelque temps, le photographe camerounais Mario Epanya faisait la Une avec son idée d’un Vogue Africa pour lesquelles il avait fait une série de fabuleuses couvertures fictives, représentatives de la beauté noire et traduisant ce que ce magazine pourrait être.
Le projet n’a pas pu être concrétisé car Condé Nast, éditeur de Vogue a (poliment) décliné la proposition. Les raisons évoqués ? L’Afrique ne serait pas un marché potentiel pour Vogue car les africaines ne consomment pas assez de produits de luxe ! Tiens donc, devrions-nous devenir des acheteuses compulsives de PRADA et autres CHANEL pour que notre continent ait droit à un Vogue ?
Après cette décision, la toile (ainsi que les fashionistas black and proud du monde entier) s’est enflammée initiant un intense débat sur les cendres du Vogue Africain. Certains jugeaient l’attitude de Condé Nast méprisante et d’autres pensaient qu’on aurait dû s’y attendre. Mais au fond, est-ce une si mauvaise chose ?
La mode Africaine regorge de talentueux stylistes qui prouvent leur capacité à surprendre et à innover chaque année. Les collections sont de plus en plus pointues, avant-gardistes, recherchées. Des créateurs tels que Tiffany Amber,David Tlale, Duaba Serwa ou encore Christie Brown n’ont plus à rien à prouver sur la qualité de leur travail. Des Fashion Weeks fleurissent aux quatre coins du continent et sont de mieux en mieux organisés.
Pour l’Afrique, la black beauty est bien plus qu’une tendance dont les magazines et marques européennes se sont emparés pour rester dans le vent. La mode africaine va bien plus loin que la Wax/Ankara trend. C’est une industrie, certes naissante, fragile mais avec de réelles capacités.
David Tlale AFW2011 |
Duaba Serwa AFW2011 |
Non, L’Afrique n’a pas besoin d’un Vogue. Notre expression de la mode n’a pas besoin d’être formatée, rentrée dans le moule d’une vision occidentale, étriquée et déformée. Notre mode est trop grande, trop profonde, trop subtile avec sa multitude de particularités, ses influences culturelles diverses et son unicité pour être réduite à une étiquette simpliste, caricaturée.
Et puis, n’est pas comme si nous n’avions pas de magazines de mode, DU TOUT. Que faites-vous d’ARISE Magazine, de Haute Fashion ou même de BHF magazine ? Des sites internet et autres blogs qui se sont donné pour mission de célébrer notre mode au quotidien ? Bien Sûr, un Vogue Africa, ça aurait été valorisant mais nous n’avons rien perdu au change au contraire ; maintenant, nous avons le champ libre pour créer un magazine, que dis-je, une foultitude de magazines qui nous ressemblent, aussi différents les uns des autres que toutes les facettes de notre mode.
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